La poésie des fluides - Part II: Exposition collective

2 Avril - 14 Juin 2024

Avec une sélection d'oeuvres de : 

Pierre ALECHINSKY / Eugène BOUDIN / Robert COMBAS / Marc DESGRANDSCHAMPS / Bernard FRIZE / Jacin GIORDANO / Anselm KIEFER / Henri MICHAUX / Jessica RANKIN / Pierre ROY / Gérard SCHLOSSER / Bernard SZAJNER 

 

Le cours naturel des éléments ainsi que leurs flux ont suscité un très grand intérêt chez les poètes, à l’image de Lamartine pour qui l’agitation de l’air et de l’eau produit un sentiment empreint d’une grande sensibilité :

 

«  (…)
L'harmonieux Ether, dans ses vagues d'azur,
Enveloppe les monts d'un fluide plus pur ;
Leurs contours qu'il éteint, leurs cimes qu'il efface,
Semblent nager dans l'air et trembler dans l'espace,
Comme on voit jusqu'au fond d'une mer en repos
L'ombre de son rivage, onduler sous les flots !
Sous ce jour sans rayon, plus serein qu'une aurore,
A l'oeil contemplatif la terre semble éclore ;
Elle déroule au loin ses horizons divers
Où se joua la main qui sculpta l'univers !
Là, semblable à la vague, une colline ondule,
Là, le coteau poursuit le coteau qui recule,
Et le vallon, voilé de verdoyants rideaux,
Se creuse comme un lit pour l'ombre et pour les eaux ;
Ici s'étend la plaine, où, comme sur la grève,
La vague des épis s'abaisse et se relève ;
Là, pareil au serpent dont les noeuds sont rompus,
Le fleuve, renouant ses flots interrompus,
Trace à son cours d'argent des méandres sans nombre,
Se perd sous la colline et reparaît dans l'ombre.

(…) »

 

L’infini des cieux, Alphonse Lamartine.

 

Cette poétique des fluides continue d’innerver aujourd’hui les œuvres de nombreux artistes comme l’oeuvre Ca arrive vite de Schlosser où la « vague des épis » et l’ondulation des flots sont le présage d’un aléa futur. Mais dans cette exposition, les fluides ne sont pas réduits à leur seul écoulement, ils sont exploités sous toutes leurs formes de flux possibles, à la fois au travers « de l’arrêt, du barrage, des tumultes et de la sécheresse »[1]. En atteste Aperiatur Terra d’Anselm Kieffer, paysage désertique où seules les traces arides des fluides demeurent. Dans les compositions de Jessica Rankin, c’est la fluidité de la matière et non sa représentation qui est spontanément engagée. Pour cette deuxième partie de « La Poésie des fluides », Samuel Le Paire Fine Art vous invite ainsi à continuer d’explorer les fluides, leurs mouvements et leur absence.

                      Justin RAGUIN

 

 


[1] « Flux et Fluidité », Grégory Chantonsky, octobre 2013